Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog d'arwen
11 mars 2007

Le silence n'est pas d'or.

Elle venait à peine de naître : sa mère sur son berceau, lui écrivait un poème pour lui dire combien elle était heureuse d’avoir enfin une amie à qui se confier.

La Terre n’avait pas fait un tour sur elle-même, que déjà elle avait une responsabilité à assumer.

 
Elle n’a pas vécu de vie de bébé d’amour, d’enfant d’amour.

C’était la « bonne » qui la faisait manger avec sa sœur, qui l’emmenait jouer dans un parc, qui veillait sur elle quand elle jouait dans le jardin.

 
Plus tard, encore bien petite, quand elle eut le droit de manger à la table familiale, il ne fallait pas parler.

Elle apprit sans le vouloir à se taire, à taire ses émotions, voire même à ne pas en avoir.

Si elle en avait, aussi petite soit-elle, elle se retrouvait dans la baignoire, fermement tenue par sa mère, qui lui administrait sur la tête une douche froide.

Elle ne comprenait pas, cela lui semblait inéluctable.

La conséquence inévitable d’avoir rompu son silence et de s’être exprimée.

Et cette serviette posée à la hâte sur ses cheveux, puis le rituel prenait fin, et ses mots mouraient avec.

 
Les seuls moments durant lesquels les enfants mangeaient avec les parents, c’était chez sa grand-mère maternelle, au sein de la dynastie.

Elle ne pouvait même pas voir la table en entier, tant il y avait de grandes personnes et d’enfants.

Là non plus elle ne parlait pas.

Elle observait.

Elle se demandait comment ces adultes pouvaient manger en gardant leur serviette pliée, et la bouche immaculée.

Elle apprit seule, en se taisant, à se tenir comme eux.

Plus tard, au cours de ces mêmes repas, elle les observait éplucher leur fruit avec un couteau et une fourchette.
Elle essaya, en silence, et y parvint.

 
Lors des promenades dominicales, elle cueillait des fleurs, en s’éloignant du groupe. Elle ne s’en lassait pas, sans doute leur parlait elle, là pas de douche froide à la clé.

 
Plus tard, sa famille déménagea à l’étranger.

Là, il y avait plusieurs domestiques, et l’une d’elles l’emmenait, elle et sa sœur à la plage.

Des heures durant, elle observait les grandes personnes nager. En silence.

Chaque mouvement était étudié.

Puis au fil des jours qui s’égrenaient, elle su se déplacer dans l’eau, la brasse n’avait plus de secret pour elle.

 
Des années plus tard, à l’âge de seize ans, sa mère partit se reposer chez une amie, elle était la seule à savoir le lieu, et devait garder le silence. C’était un secret, elle ne devait en parler à personne, surtout pas à son père.

Garder le silence ne fut pas un problème, elle n’avait fait que ça depuis sa naissance.

Elle s’occupa de la maison, de ses frères, avec l’aide de la domestique.
Parfois son père rentrait tard, et avouait son désarroi, elle ne savait que penser, sa mère l’avait tant décrit comme un monstre, qu’elle resta silencieuse.

Une fois de plus.

  
Une année s’écoula, elle demanda à sa mère qui jouait du piano, de prendre des cours. La musique l’attirait.

Ce fut un refus, ce serait trop dur pour elle. Elle n’y parviendrait pas. Elle ne comprit pas que la musique s’entendait, et que c’était parce que sa mère ne voulait pas l’entendre.

Elle se mura une fois de plus dans son mutisme, elle ne pouvait pas encore comprendre que non seulement elle n’avait pas le droit de parler, mais qu’elle ne devait pas se réaliser.

 
Elle demanda à travailler en été, les relations de sa mère lui permirent séance tenante d’avoir un emploi à la bibliothèque.

Dès son salaire reçu, elle alla s’acheter sa guitare, et apprit seule, des heures durant.

Cela ne plaisait pas à sa mère, la musique rompait le silence.

Elle écrivait les paroles de ses chansons, et lorsqu’elle était invitée chez des amis, elle chantait.
Elle avait trouvé comment rompre son silence.

Elle a d’ailleurs chanté partout, des week ends durant, on la demandait pour des mariages, pour des soirées.

Elle avait rompu la chaîne, et commença à vivre, mais hors de chez elle.

La musique était son langage, cela venait du plus profond de son être, et on aimait l’écouter, l’enregistrer.

 
Et durant tout ce temps, elle devait écouter en silence les confidences de sa mère.

La responsabilité endossée dès le premier jour de sa naissance, fut mise en pratique. Elle écoutait, et dans sa tête, beaucoup de choses s’y entassaient.

Ces confidences, elle les prenait comme telles, et respectait le silence que cela impliquait.

Mais elle comprit beaucoup de choses, dont certaines l’étaient et les autres, furent enfouies aux tréfonds de son être.

 
Un jour, en vacances, au bord de la mer, comme chaque année, elle parla, ils étaient un groupe de jeunes, ils étaient entre eux.

Elle dit simplement : « Mes parents vont divorcer. »

Personne ne la crut, ses frères se sont écriés que c’était chose impossible.

Un an après ce fut chose faite.

 

Des décennies plus tard, elle a toujours du mal à rompre ce silence, à exprimer ce qu’elle ressent.

Elle commence seulement à comprendre.

Chaque instant de mutisme, est comme une pierre enterrée, il va lui falloir beaucoup d’énergie, pour les ressortir.

Pour ne plus se taire.

Elle en a envie, elle sait seulement maintenant que ce n’est pas une faute de parler.

 

 

Elle dédie cette note à FD, qui lui a montré qu’on pouvait déterrer des cailloux sans se salir les mains.

Publicité
Commentaires
M
y a des lois on peut porter plainte pour harcellment contre sa mère????<br /> ET contre sa belle mère est ce que c'est possible???<br /> Desolé c'etait trop tentant de rebondir...je sors!
Z
C'est dur ce que je vais te dire, mais si ça devient nécessaire, il y a des lois, <br /> on peut porter plainte pour harcèlement contre sa propre mère.<br /> Commence si ce n'est déjà fait, par te mettre sur liste rouge.<br /> J'ai mis longtemps à lui dire que je ne voulais plus de contact, je sais qu'elle va me rappeler avec son ton de victime, mais je sais que je vais être à nouveau infecte, et elle me foutra la paix un temps.<br /> Et je m'en fous.<br /> Laisse ces cailloux où ils sont, protège toi déjà comme tu le fais, ne brûle pas les étapes.<br /> Je t'embrasse très fort ma belle, <br /> <br /> on va y arriver !!!!!!!!!
N
Je n'ai pas vécu la même histoire, mais je pense la même chose que toi de ma propre mère : je voudrais la savoir crever, et si possible dans d'atroces souffrances.<br /> <br /> Les 5 ans avec mon ex, les 2 ans où je suis restée toute seule, plus les 3 ans avec mon chéri actuel... Je peux compter 10 ans que je ne l'ai pas vue, je ne lui ai pas envoyé un mot, pas un coup de fil, pas un mail.<br /> <br /> Cette année, elle prend 55 ans. Elle est fonctionnaire, elle a eu 3 enfants, donc elle va être à la retraite. Et du coup j'ai une peur bleue.<br /> <br /> Je la connais, elle va tout faire pour essayer de savoir où je vis, elle va tourner dans tous les quartiers, elle va me chercher... comme elle a fait avec mon père quand ils ont divorcé. Elle va revenir me pourrir l'existence. Et j'ai beau avoir grandi et mûri, je reste terrorisée à cette idée. C'est aussi une des choses qui ont fait que dernièrement je sombrais sans espoir de me relever. Heureusement qu'il y a les béquilles et les blogamis.<br /> <br /> <br /> Tu as bien raison d'avoir ramassé ces cailloux. Je devrais en faire autant, mais je ne sais pas par où m'y prendre. Mes cailloux à moi je les ai coulés dans le béton pour pas qu'ils remontent, ça va êre vachement dur, va falloir que j'y aille au marteau-piqueur au moins !<br /> <br /> Bisous tout plein.
Z
tite : Le médecin de l'éducation nationale a mis tout de suite le doigt dessus, à chaque étape, c'était "vous êtes toujours dans le don"......;<br /> Je pense que j'ai toujours voulu donner ce que je n'ai pas eu, mais sans mesure, et c'est ce qui fait que je suis dans cet état actuellement.<br /> <br /> <br /> Soeur anne, oui, une usine à câlins, tout en respectant les périodes durant lesquelles ils n'en voulaient pas. Mais cela a duré peu.<br /> Elle est mignone ton expression.<br /> <br /> <br /> Maman sophie, tu as entièrement raison, mais j'ai encore du chemin à faire, car avec ce toubib, quand elle m'a parlé de mes parents, à sa question "et votre mère?", j'ai répondu, je ne veux qu'une chose, la voir crever à cause du mal qu'elle m'a fait.<br /> ça craint hein , mais ça aussi, c'est un caillou à ramasser.<br /> Voilà pourquoi j'ai coupé les ponts avec ma famille, pour ne pas avoir à encaisser, à haïr davantage.<br /> <br /> <br /> Bisous les filles et merci à vous
M
j'ai lu ta note et survoler les commentaires ...mais j'en ai retenu un celuide fd...et japprouve ce qu'elle ecris ...<br /> j'ai aappris que parfois le mépris et l'indifférence c'etait ce qu'il y avait de mieux que cette energie a fournir que de hair...<br /> Tu sais j'ai passé 8 ans de ma vie a essayer de me faire accpeter par la famille de mon époux nj'ai faillit tout perdre ...<br /> Je peux te dire que maintenant je vis ma vie, dans la plus grande indifférence vis a vis d'eux...Résultat tu vois je me suis aperçue que moi j'allais bien , mieux et eux eux continuait de vouloir me hair et m'en vouliat pourquoi juste parce que moi j'ai continuer de vivre et pas eux ...<br /> Je ne te juge pas ,mais par cette histoire je voulais juste t'encourager à vivre maintenant et te debarraser de cette haine...et t'encourager à vider tes valises pour vivre bien et LIBRE!<br /> bisous!
Publicité
Archives
Publicité